Des soleils maladroits-2021/2022-En partenariat avec Pollen, résidence d’artistes à Monflanquin.
Les photographies présentées ici sont plus que des images, elles sont une vie.
Régis Feugère est de ces artistes qui ne font aucune différence, aucun écart, pas même de l’épaisseur d’une feuille de cigarette, entre leur vie et leur travail. En exposant, ce photographe s’expose en montrant son intimité, plus précisément ses états contemplatifs. Son engagement artistique est franc : une photographie doit être une source et l’accomplissement d’une démarche personnelle faite de réflexion et d’intuition.
In-tuire dit le latin, littéralement, l’intuition désigne tout autant une faculté qu’une démarche où il s’agit d’oublier son intelligence et les mots qui vont avec afin de se mettre au contact immédiat avec la chose même. Pour cet artiste, la chose est entendue : par-delà sa dimension technique, l’art photographique recèle un caractère éminemment intuitif et c’est cette dimension que Régis Feugère s’efforce de cultiver. Et ce n’est pas si aisé, c’est même paradoxal : aucun protocole préétabli, à peine un dispositif, plutôt un processus créant les conditions de possibilité afin que l’intuition puisse s’exprimer. Ce processus commence simplement : partir à pied de nuit jusqu’au petit matin sans plan ni formule à appliquer si ce n’est l’exploration d’un territoire. Marcher au hasard durant un long moment d’égarement jusqu’à ce qu’une chose vous fasse signe et vous surprenne. Alors attraper la chose au juger, appuyer sur le bouton jusqu’à ce que le déclenchement s’en suive ; surtout déclencher avant de se représenter ce qui va être enregistré : à la volée. L’image de la mouette prise en train de voler, flotter, nager dans un ciel crépusculaire a été produite selon ce processus. De cette éthique découle naturellement une esthétique. La bonne photographie ne nécessite aucune maîtrise complète mais doit évoquer un léger laisser-aller qui permet d’admettre et d’accueillir une certaine imperfection comme un petit défaut ou un léger boitement. Une image réussie est en fin de compte une présence authentique, celle qui signe la présence au monde de l’artiste. Il ne s’agit pas de créer un visuel mais de rendre visible une présence, de la manifester de telle manière qu’une photographie doit égratigner le réel en apportant une nouvelle image au monde.
Pierre J. Truchot.
https://www.pollen-monflanquin.com/
Pierre J. Truchot est docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au laboratoire FoRell « Poétiques de la représentation » de l’Université de Poitiers. Sa thèse peut ses résumer en une histoire de la peinture occidentale à la lumière des concepts de mouvement et de temps. Il est l’auteur de nombreux articles portant sur la pensée et l’esthétique de Bergson, sur les rapports entre textes et images et sur la philosophie de l’art au XVIII ème siècle. Il écrit également sur l’art contemporain en collaboration avec des artistes comme Bruno Serralongue, Julien Berthier, Vincent Ganivet. D’autres publications portent sur les serious games et les art games. Auteur de deux ouvrages aux éditions Marguerite Waknine Le théorème de Staël et Paul Bril, deux éternités. Lauréat d’une bourse du CNL en 2014, il a publié un essai intitulé L’art (d’être) idiot qui a été publié aux éditions L’Harmattan en 2018. Récemment il a publié son deuxième essai consacré à l’oubli, L’art d’oublier, toujours aux éditions L’Harmattan. Il vit à Angoulême et est professeur de philosophie.
Régis Feugère est de ces artistes qui ne font aucune différence, aucun écart, pas même de l’épaisseur d’une feuille de cigarette, entre leur vie et leur travail. En exposant, ce photographe s’expose en montrant son intimité, plus précisément ses états contemplatifs. Son engagement artistique est franc : une photographie doit être une source et l’accomplissement d’une démarche personnelle faite de réflexion et d’intuition.
In-tuire dit le latin, littéralement, l’intuition désigne tout autant une faculté qu’une démarche où il s’agit d’oublier son intelligence et les mots qui vont avec afin de se mettre au contact immédiat avec la chose même. Pour cet artiste, la chose est entendue : par-delà sa dimension technique, l’art photographique recèle un caractère éminemment intuitif et c’est cette dimension que Régis Feugère s’efforce de cultiver. Et ce n’est pas si aisé, c’est même paradoxal : aucun protocole préétabli, à peine un dispositif, plutôt un processus créant les conditions de possibilité afin que l’intuition puisse s’exprimer. Ce processus commence simplement : partir à pied de nuit jusqu’au petit matin sans plan ni formule à appliquer si ce n’est l’exploration d’un territoire. Marcher au hasard durant un long moment d’égarement jusqu’à ce qu’une chose vous fasse signe et vous surprenne. Alors attraper la chose au juger, appuyer sur le bouton jusqu’à ce que le déclenchement s’en suive ; surtout déclencher avant de se représenter ce qui va être enregistré : à la volée. L’image de la mouette prise en train de voler, flotter, nager dans un ciel crépusculaire a été produite selon ce processus. De cette éthique découle naturellement une esthétique. La bonne photographie ne nécessite aucune maîtrise complète mais doit évoquer un léger laisser-aller qui permet d’admettre et d’accueillir une certaine imperfection comme un petit défaut ou un léger boitement. Une image réussie est en fin de compte une présence authentique, celle qui signe la présence au monde de l’artiste. Il ne s’agit pas de créer un visuel mais de rendre visible une présence, de la manifester de telle manière qu’une photographie doit égratigner le réel en apportant une nouvelle image au monde.
Pierre J. Truchot.
https://www.pollen-monflanquin.com/
Pierre J. Truchot est docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au laboratoire FoRell « Poétiques de la représentation » de l’Université de Poitiers. Sa thèse peut ses résumer en une histoire de la peinture occidentale à la lumière des concepts de mouvement et de temps. Il est l’auteur de nombreux articles portant sur la pensée et l’esthétique de Bergson, sur les rapports entre textes et images et sur la philosophie de l’art au XVIII ème siècle. Il écrit également sur l’art contemporain en collaboration avec des artistes comme Bruno Serralongue, Julien Berthier, Vincent Ganivet. D’autres publications portent sur les serious games et les art games. Auteur de deux ouvrages aux éditions Marguerite Waknine Le théorème de Staël et Paul Bril, deux éternités. Lauréat d’une bourse du CNL en 2014, il a publié un essai intitulé L’art (d’être) idiot qui a été publié aux éditions L’Harmattan en 2018. Récemment il a publié son deuxième essai consacré à l’oubli, L’art d’oublier, toujours aux éditions L’Harmattan. Il vit à Angoulême et est professeur de philosophie.